Mgr Bertrand-Sévère Laurence est né le 7 septembre 1790 à Oroix (Hautes-Pyrénées), douzième et dernier enfant d’une très modeste famille de propriétaires ruraux. Il est pris en charge, pour son éducation, par un officier de santé, ami des Laurence, établi à Juncalas, dans le Castelloubon.
Mais, tandis qu’il commence l’apprentissage de la profession de son maître, voilà que le curé du village, le trouvant intelligent et bien disposé, lui fait des ouvertures dans la direction du sacerdoce et s’offre à lui enseigner les rudiments du latin.
L’adolescent acquiesce avec joie et continue sa formation, en diverses étapes, dans la pension Soubise, à Bordères-sur-l’Echez, au petit séminaire de Bétharram (1811-1812), l’année où l’établissement va être fermé, enfin et surtout à Aire-sur-Adour (1812-1821).
Entré au petit séminaire, et suivant les cours au collège, il y devient régent durant sept ans, après avoir terminé ses classes. Il vaque, en même temps, à ses études ecclésiastiques, assurément guidé par les conseils d’un ou plusieurs prêtres, compétents et dévoués. On pense ici à l’initiation quelque peu analogue de Vincent de Paul et de Michel Garicoïts.
Prêtre le 29 avril 1821, Laurence enseigne la philosophie au petit séminaire d’Aire, durant l’année 1821-1822. En relation avec lui, le Père Procope Lassalle, supérieur de Bétharram devient, le 21 mai 1822, acquéreur de l’ancienne abbaye de Saint-Pé, et ayant pressenti l’abbé Laurence, offre ce domaine à Monseigneur d’Astros, évêque de Bayonne, demandant qu’un petit séminaire y soit ouvert et suggérant le nom de Laurence, comme supérieur.
L’œuvre que va commencer cet apôtre en Bigorre est prodigieuse, s’exerçant dans tous les domaines pour réparer les ruines accumulées par la Révolution, cinquante ans plus tôt.
Novembre 1822 : ouverture du petit séminaire de Saint-Pé, qui devient très vite prospère (à la mort de Laurence, premier supérieur, en 1870, il aura formé plus de mille futurs prêtres).
Décembre 1833 : Laurence est nommé vicaire général du nouvel évêque de Tarbes, Monseigneur Double. En 1834, il reçoit la charge de supérieur du grand séminaire.
31 décembre 1844 : le voilà évêque de Tarbes. Comme vicaire général, puis comme évêque, il est le grand réorganisateur du diocèse. Il renforce les études dans les séminaires, rétablit (ou crée) un nombre important de paroisses. 101 succursales sont obtenues le 26 février 1846. Il veille sur la formation permanente des prêtres et fonde pour eux les retraites spirituelles. Il multiplie les fondations d’instituts religieux. Certains (Cantaous, Saint-Frai, la Congrégation de l’Immaculée Conception) naîtront dans le diocèse ; d’autres y seront appelés de l’extérieur. Le volumineux registre des visites pastorales, poursuivies durant vingt-cinq ans, atteste à l’évêché l’importance que l’évêque attachait aussi à ce lourd et absorbant ministère.
Il ouvre et restaure les sanctuaires de la Vierge : Garaison, Poueylaün, Héas et Piétat, y plaçant, comme chapelains, les Pères de l’Immaculée Conception, dont le fondateur est le Père Peydessus.
Avec les pouvoirs publics, Laurence entretient les plus cordiales relations, utiles au bien commun. Sa fidélité à Napoléon III, de 1848 à 1870, ne se démentira pas un seul jour.
Mais c’est les apparitions de Lourdes, en 1858 et leur suite, qui constituent la plus pure gloire de cet épiscopat. Par son célèbre mandement du 18 janvier 1862, l’évêque de Tarbes en proclamera l’authenticité et ouvrira la voie au plus grand pèlerinage de l’époque contemporaine.
Ne pouvant embrasser en quelques lignes l’œuvre de Monseigneur Laurence, il ne nous est pas interdit de penser que nous sommes en présence de la personnalité la plus marquante du monde religieux bigourdan, qui ait vécu en ces deux derniers siècles.
S’étant rendu à Rome, fin novembre 1869, pour le Concile du Vatican, il y mourut le 30 janvier 1870. Ses restes furent accueillis solennellement à la cathédrale de Tarbes.