Georges-Fernand Dunot de Saint-Maclou
Le docteur de la Grotte de Lourdes

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Cet opuscule résume l’action du fondateur du Bureau des Constatations Médicales et de l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes, surnommé « le docteur de la Grotte de Lourdes ». Il a consacré toute sa vie à édifier un pont entre la raison et la foi.

Une vie tournée vers les autres

Le docteur Dunot de Saint-Maclou, né à Ouézy, dans le Calvados, a vécu toute sa vie tourné vers la société, les pauvres, l’Église, comme une mission. L’état de santé de son épouse, Marie-Sidonie, s’aggravant, il juge opportun de quitter la Normandie pour s’installer à Nice pour son climat plus propice. Il y fonde la Conférence Saint-Vincent de Paul grâce à laquelle beaucoup de nécessiteux sont aidés. En 1874, un couple ami s’installe à Lourdes et y fonde également une Conférence de Saint-Vincent de Paul. Le docteur s’y rend pour participer aux rencontres. En 1877, la santé de son épouse est devenue si inquiétante qu’on ne peut plus espérer qu’une intervention divine. Sur l’insistance de Marie-Sidonie, le couple se rend à Lourdes. Cependant son état s’aggrave. Elle reçoit les sacrements de l’abbé Peyramale. Assistée du Père Rémi Sempé, elle rend son âme à Dieu le soir du 26 août.

Marie devient la dame de son cœur

De retour à Nice, Dunot demande à être accueilli chez les Oblats de la Vierge Marie. Il paye sa pension et soutient la communauté en soignant les malades et en donnant des cours de français aux séminaristes. Dans sa prière quotidienne, il accorde une place particulière à la Mère de Dieu. Marie devient la dame de son cœur.

L’appel de Lourdes

Sollicité par ses amis vincentiens, Dunot commence à se rendre à Lourdes chaque été, à partir de 1879. Le 19 août 1881, se tient le premier Comité Hospitalier. Ses membres se réfèrent aux Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean (Ordre de Malte). Il apparaît nécessaire d’offrir à Lourdes un service pour les malades, particulièrement pour les plus pauvres. Le 25 février 1883, parmi les neuf noms du Comité Hospitalier de Lourdes, on relève celui du Baron Dunot de Saint-Maclou, attaché au service de la Grotte. L’accueil des pèlerins étant mieux assuré, reste à contrôler le risque du fanatisme, notamment autour de la source qui aurait fait crier précipitamment au miracle à la moindre sensation de mieux-être.

1883 : Création du Bureau des Constatations Médicales

De 1860 à 1883, le contrôle des prétendues guérisons était effectué au parloir de la résidence des chapelains. Les prêtres faisaient parvenir les témoignages au docteur Henri Vergez (1814-1888), engagé par Mgr Bertrand-Sévère Laurence (1790–1870), évêque de Tarbes (1845-1870), dans la commission qui, de 1858 à 1860, examina les faits de Lourdes. En 1883, en tant que directeur de la Grotte, le Docteur Dunot collabore avec les chapelains pour recevoir les dépositions et rencontrer ceux qui se déclarent guéris, dans deux pièces aménagées près du local des entrepreneurs qui construisent la basilique du Rosaire. Le médecin partage ainsi son temps entre la Grotte et le bureau des constatations médicales. Il étudie déjà ce qu’il faudrait faire pour aider les hospitaliers. Le Père Rémi Sempé a bien compris que ses compétences étaient exceptionnelles. Mgr Billère, évêque de Tarbes, non seulement donne un avis favorable mais lui propose de s’installer à Lourdes durant toute la saison des pèlerinages. Le baron Dunot de Saint-Maclou accepte, car il ressent cette nouvelle fonction comme un appel de la Vierge. Il s’installe chez les Missionnaires de l’Immaculée Conception à Lourdes, près de la Grotte, non loin des piscines. Il fonde le Bureau des Constatations Médicales en 1883. Durant sa présidence, cinquante cas par an en moyenne étaient examinés devant un nombre croissant de médecins. De 1883 à 1884, Dunot réfléchit à l’organisation d’un service des hospitaliers. Grâce à sa méthodologie le docteur Dunot de Saint-Maclou a préservé Lourdes de l’exaltation populaire. Il a aidé à faire la différence entre une grâce et un miracle caractérisé par l’instantanéité et l’impossibilité d’une explication scientifique. La guérison d’une maladie psychosomatique par exemple peut être une grâce, car la personne a trouvé force et courage pour se libérer de ce qui lui avait fait perdre la santé.

L’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes

L’autre difficulté à la Grotte de Massabielle fut d’organiser le volontariat. Les pèlerins, particulièrement les plus pauvres, qui pourraient bénéficier d’un service hospitalier viennent de plus en plus nombreux durant toute la saison des pèlerinages. Le Comité permanent de l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes – dont le Dr Dunot parmi ses 9 membres – proposait déjà ses services à la gare, dans les Accueils, à la Grotte et aux piscines. Il constituait une branche de l’Hospitalité Notre-Dame de Salut, créée par le pèlerinage National (France). C’est donc en s’appuyant sur ces modèles, ainsi que sur celui de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem que, le mardi 18 août 1885, eut lieu l’engagement des 7 membres fondateurs de l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes qui comptaient parmi eux le baron Dunot de Saint-Maclou, qui en sera le deuxième président. Cela répondait à leur conviction de toujours voir les malades, les pauvres et les pèlerins comme « nos Seigneurs ». En 1886, le pape Léon XIII approuve l’institution du Bureau des Constatations Médicales de Lourdes mis en place par le docteur Dunot de Saint-Maclou. Le baron rend son dernier soupir le 10 septembre 1891 Il est inhumé au cimetière des chapelains de Lourdes, dans le parc du chalet de l’évêque. Les successeurs à la présidence du Bureau des Constatations Médicales de Lourdes s’appuient toujours sur sa méthodologie.

Notre avis

La lecture de ce livret ouvre un pan de l’histoire de Lourdes passionnant et captivant. Le Père Andrea Brustolon, produit ici une présentation très précise, très riche, qui donne aussitôt le ton de la vérité et de l’objectivité à son récit. Georges-Fernand Dunot de Saint-Maclou, le premier président du Bureau des Constatations Médicales de Lourdes, apparaît clairement comme un spécialiste non aveuglé par des préjugés ou une foi ingénue. Comme l’a écrit le pape François dans Lumen Fidei : « La foi réveille le sens critique dans la mesure où elle empêche la recherche à se complaire dans ses formules et l’aide à comprendre que la nature est toujours plus grande. » (n°34)